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Mondiaux d’athlétisme en salle : le hurdler français Just Kwaou-Mathey remporte une médaille de bronze

Lorsque Kevin Mayer ou les relayeurs ne sont pas là pour éviter le zéro pointé aux Bleus, les haies restent une valeur sûre de l’athlétisme français. Aux championnats du monde en salle de Glasgow (Ecosse), Wilhem Belocian et Just Kwaou-Mathey avaient le potentiel pour monter sur le podium lors du 60 mètres haies.
Samedi 2 mars, à l’Emirates Arena, seul le second y est parvenu, troisième en finale grâce à un chrono en 7 secondes et 47 centièmes. Derrière l’intouchable hurdler américain Grant Holloway – vainqueur en 7 s 29 (record des championnats), désormais double champion du monde et invaincu sur la distance depuis dix ans –, Kwaou-Mathey a su tirer son épingle du jeu. L’Italien Lorenzo Simonelli termine à la deuxième place.
« Je suis allé la chercher [cette médaille]. Je n’ai pas fait une bonne demie et je voulais vraiment bien faire en finale, a-t-il réagi. Je n’ai pas fait la course parfaite mais je suis content de repartir avec ma première médaille mondiale. » Habitué aux troisièmes places (notamment européennes), l’athlète s’en amusait avec une pointe d’agacement : « C’est encore une troisième place, je crois qu’il y a un malheur sur moi. Bon si je fais trois aux Jeux, c’est bien. »
Wilhem Belocian, 28 ans, s’est, lui, manqué en demi-finale, touchant la première haie. Just Kwaou-Mathey, 24 ans, était passé in extremis en finale, deuxième à égalité de la course avec le Belge Michael Obasuyi en 7 s 54. « Les hurdlers français, on a toujours été bon. Je pense même qu’on aurait pu faire deux médailles », a confié Kwaou-Mathey.
Samedi matin, l’aîné avait pourtant fait la plus forte impression dans sa série qu’il avait facilement gagnée en 7 s 47. Mais en demi-finale, le Guadeloupéen n’a pas maîtrisé techniquement sa course, heurtant la première haie : « Je suis un peu déçu, mais je retiens le positif de cette saison hivernale. J’ai pris des risques et aujourd’hui, ce n’est pas passé. »
Depuis le début de l’année, en l’absence de Pascal Martinot-Lagarde, blessé, et de Sasha Zohya, qui fait l’impasse sur la saison hivernale, Belocian et Kwaou-Mathey se sont rendus coup pour coup. Le premier a battu le second pour un centième – soit 7 s 44 contre 7 s 45 – aux championnats de France, à Miramas (Bouches-du-Rhône). Mais c’est bien Kwaou-Mathey qui a couru le plus vite et a amélioré son record personnel en réalisant 7 s 43 au meeting de Liévin (Pas-de-Calais), terminant deuxième, derrière l’ogre Holloway. « Avec Just, on a une relation fraternelle. Je l’appelle mon jumeau. On a la même vibe et ça aide beaucoup, livrait Wilhem Belocian avant les Mondiaux. On se tire la bourre entre Français, ça provoque cette émulation au niveau international. »
A quelques mois des Jeux olympiques de Paris 2024 – du 26 juillet au 11 août –, Just Kwaou-Mathey a quitté son cocon du CREPS de Poitiers, dans la Vienne, pour Créteil (Val-de-Marne), et troqué son son coach Fabien Lambolez pour Giscard Samba ; un pari qui s’avère, pour le moment, payant.
Arrivé en Ecosse plein d’optimisme, Just Kwaou-Mathey « estimait la médaille possible ». « Ma saison est bonne. J’ai sorti des chronos intéressants, réguliers à un haut niveau. Je débarque avec la troisième performance mondiale et plus de confiance », avançait-il lors d’un point presse à deux jours avant les Mondiaux.
L’athlète apprécie la saison hivernale. L’an dernier, il avait déjà amélioré son record, avait été sacré champion de France et avait remporté une médaille de bronze européenne. Dans la foulée, la transition estivale sur 110 m haies ne l’avait pas perturbé : il avait abaissé son record personnel de près de vingt centièmes. En réalisant un temps canon de 13 s 09 au meeting de Paris 2023, il était devenu le quatrième hurdler tricolore le plus rapide de l’histoire. Seuls Pascal Martinot-Lagarde (12 s 95), Ladji Doucouré (12 s 97) et Wilhem Belocian (13 s 07) ont fait mieux.
Chaque année, Just Kwaou-Mathey progresse. Sa saison en salle – auréolée d’une première médaille mondiale – laisse augurer de beaux jours sur la distance supérieure. Et avec un repère chronométrique en dessous des 13 s 10, tous les espoirs de podiums internationaux s’ouvrent à lui.
Régulier et présent dans les moments décisifs, le sprinteur sait qu’un record personnel – aussi bon soit-il – ne suffit pas à s’assurer des résultats dans les grandes compétitions. « C’est un bon chrono, mais il faut le refaire et au bon moment. En championnat, c’est ce qui compte », confiait-il l’an passé au Monde avant les Mondiaux de Budapest.
Désormais, les « jumeaux » n’ont plus qu’une idée en tête : Paris 2024. « On a du mal à ne pas y penser. On nous en parle tous les jours, on voit des pubs, explique Wilhem Belocian Je ressens plus de l’engouement et de l’excitation que de la pression. » Le défi est lancé entre les hurdlers tricolores. « C’est cet été qu’on va savoir qui est le meilleur Français », lance Just Kwaou-Mathey, bravache. Un état d’esprit idéal pour ramener une médaille olympique à une équipe de France d’athlétisme, qui risque d’en avoir bien besoin.
Anthony Hernandez(Glasgow [Ecosse], envoyé spécial)
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